Késako ? (novembre 2024)

Le kamon (家紋), également appelé mon, se rapproche de nos concepts européens d’emblème, de blason ou d’armoiries. Les kamon toutefois sont monochromes et présentent généralement un meuble seul ou disposé de façon symétrique (double, triple et parfois d’avantage).
Les kamon seraient apparus au milieu de l’ère Heian (vers 900-1 000) lorsque les aristocrates japonais imitèrent une pratique chinoise en faisant apposer une marque distinctive sur leurs biens (objets personnels, kimonos, chars à bœufs alors utilisés comme moyen de locomotion).
La grande majorité des motifs s’inspirent de la nature (le Japon est de tradition animiste) ou de formes géométriques. Ils sont porteurs de sens. Parmi les plus connus, on citera, le tomoe (un des kamon les plus anciens et qui représenterait un magatama, amulette insigne de pouvoir), le mokko (représente un nid d’oiseau, symbole de prospérité et de bon augure), le chrysanthème à 16 pétales (kamon de la famille impériale), le paulownia (l’arbre sur lequel venait se poser le phénix, kamon des Toyotomi) et les trois feuilles de mauve (symbole du pouvoir par excellence, elles étaient l’emblème du clan Tokugawa).
En haut, différentes variations du kamon tomoe, en bas, le mokko, le chrysanthème à 16 pétales, le paulownia et les 3 feuilles de mauve.
Au fil du temps, l’usage des kamon s’est étendu à la caste guerrière, marque utile pour distinguer les alliés des ennemis sur les champs de bataille. C’est durant la période Edo (1603-1868) que les kamon se sont fortement popularisés. Contrairement aux blasons européens, ils n’étaient pas réservés aux classes supérieures de la société mais également utilisés par les artisans, les corporations, les théâtres kabuki, les paysans, les prostituées…
Après la Seconde Guerre mondiale, malgré la suppression de nombreux symboles jugés nationalistes, les kamon sont restés ancrés dans l’identité japonaise. Aujourd’hui encore, la plupart des familles japonaises possèdent un ou plusieurs kamon.

Le kamon de la grue

Parmi les animaux symbolisés sur les kamon, on retrouve le papillon (symbole de courage et de transformation spirituelle), l’oie sauvage (les oies se déplacent en groupe et symbolisent ainsi les liens étroits entre les personnes), la tortue (longévité) et la grue (tsuru, symbole de fidélité – la grue est monogame-, de paix et de longévité également car, selon la légende, elle vivrait 1 000 ans et habiterait le pays des immortels). Le kamon de la grue a notamment été utilisé par la clan Mori.
Le graphisme de notre logo s’inspire directement du kamon de la grue, rappelant ainsi l’une des origines du karaté : le kung-fu de la grue blanche. De gauche à droite, Tsuru-no-maru (鶴の丸, le “cercle de la grue”), Futatsu Tsuru (二羽鶴, les “2 grues”), Sambon tsuru 三羽鶴 (les “3 grues”) et le logo créé en 2013 pour Niji-Kan.
Les kamon sont maintenant très répandus au Japon et les artisans invitent même les touristes à personnaliser leurs achats (kimonos, objets divers) avec le kamon de leur choix parmi plus de 25 000 répertoriés ! Porter un kamon ne pose donc pas de question, à l’exception sans doute du kamon de la famille impériale, le fameux chrysanthème à 16 pétales (la modestie reste une valeur sûre au japon !).

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Nicolas Triballeau, novembre 2024