Portrait de Michel

Beaucoup à Niji-Kan connaissent bien Michel, premier dan et longtemps fidèle de nos entraînements Porte de Vanves. Il a bien voulu répondre au questionnaire du karatéka conçu par Sophie : une occasion pour les nouveaux de notre club de découvrir son univers, et pour tous.te.s de nous rappeler des liens entre le karaté et la danse, de nous souvenir qu’on n’arrête jamais de progresser a au karaté et qu’on oublie pas Niji-Kan, pas plus d’ailleurs que Niji-Kan n’oublie Michel !

Quel est ton premier souvenir de karaté ?

Mon premier souvenir, c’était quand j’étais ado.

Je pratiquais un art martial qui était très proche du karaté (le Taido).

Le style s’approchait beaucoup du shotokan avec en plus des techniques de gymnastique.

Je pratiquais 2 heures par jour avec mon frère.

C’était très intense et très violent.

D’ailleurs, nous réglions nos comptes sur le tatami lors des combats, le dimanche.

Malgré tout j’aimais bien.

Mais ce n’était pas le karaté tel que je l’ai pratiqué chez Niji-Kan.

 Te souviens-tu de ton premier passage de grade (et peux-tu nous en dire deux mots) ?

Ça date!

Je ne me souviens pas précisément du passage mais plutôt d’une sensation. 

Comme pour tout examen, j’étais terrifié.

Il faut dire que j’étais introverti. 

Tout m’effrayait.

Les instructeurs étaient pourtant bienveillants.

Je me souviens du sourire rassurant d’Alain notamment.

Tout l’examen s’est passé à une vitesse !

 Te souviens-tu du moment où tu as compris que tu continuerais le karaté, que tu irais (au moins) jusqu’au premier dan (et peux-tu nous raconter) ?

J’ai commencé très tard dans l’année.

Je crois que c’était fin avril ou début mai.

Je me suis accroché.

Au fur et à mesure, je me suis laissé apprivoiser par les adhérents.

Ils étaient bienveillants.

Et surtout, je n’avais pas à cacher qui j’étais.

Tout le monde était comme moi.

Et plus tard, j’ai eu l’impression d’appartenir à une communauté.

Et un jour, j’ai eu l’impression d’appartenir à une famille.

J’ai traversé des moments difficiles et je dois bien avouer qu’il y avait toujours quelqu’un chez Niji-Kan pour nous tirer vers le haut.

Et puis, j’y ai rencontré quelques belles personnes que je peux appeler des amis.

Même si je ne les vois pas souvent.

Le karaté pour moi c’est une philosophie, un art de vivre.

Je ne vise pas la performance comme pour un sport de combat.

Chaque jour est un enseignement.

Et plus l’on vieillit, plus on s’améliore.

On atteint son maximum vers 35 ans dans un sport de combat.

On l’atteint à la fin de sa vie avec la philosophie du karaté.

 Quel est ton plus beau souvenir de karatéka ?

Les Gay Games !

Tout d’abord ceux de Cologne où j’ai rencontré des personnes formidables.

Elles faisaient partie d’associations LGBT d’arts martiaux et sports de combat de tous pays.

Puis sont venus les Gay Games de Paris en 2018: cette fois, je faisais partie de l’organisation à mon niveau.

J’étais à la fois bénévole, athlète et artiste !

C’était épuisant, source de stress, mais je recommencerais avec plaisir.

 Et ton pire souvenir (si tu en as un) ?

Quand j’ai dû dire au revoir.

J’ai toujours un pincement au coeur quand j’y repense.

Je dois bien avouer qu’il y a eu des moments où la motivation n’était pas toujours là pendant mes 16 ou 17 années de pratique.

Mais les personnes qui pratiquaient me donnaient cette force qui vous pousse à vous dépasser.

Et puis j’ai eu mes problèmes de santé.

Des douleurs qui ne m’ont plus lâché et se sont intensifiées…

Et un jour, je n’ai plus eu la force.

Alors je me suis concentré sur les choses que je pouvais encore faire.

 C’est entendu, le karaté est le plus beau des arts martiaux, mais si tu devais en pratiquer un autre, cela serait ?

J’aurais aimé pratiquer le Kyudo.

Je trouve que c’est un art élégant et zen.

Mais j’aime beaucoup les armes en général.

Donc je pratiquerais volontiers un art martial qui inclut leur pratique.

 Faire de la musique ou chanter, peindre, écrire, filmer etc … Quelle activité artistique, selon toi, s’accorde le mieux avec la pratique du karaté ?

La danse, bien sûr.

Je dis cela parce que Niji-Kan m’a amené à rencontrer des danseurs que j’ai rejoints plus tard.

J’ai allié ces deux arts complémentaires.

Chacun me faisait prendre conscience différemment de mon corps.

 Si tu étais un kata, cela serait lequel ? Pourquoi ?

JUNI NO KATA.

Je le trouvais plus intéressant qu’un Pinan.

Je ne me lassais pas de l’exécuter.

 Si tu étais une technique de défense ? Et une technique d’attaque ? Pourquoi ?

Au début, j’aurais dit l’évitement voire la fuite comme technique de défense.

Parce que je n’aime pas du tout le rapport de force.

Maintenant, ma meilleure défense serait d’attaquer en premier, de m’imposer.

D’affronter.

Si on parle technique

J’aime beaucoup les techniques combinées en attaque, un enchainement : par exemple, mae geri puis mawashi geri et pourquoi pas un yoko geri (j’ai toujours eu un faible pour les techniques de jambes).

Où rêverais-tu de pratiquer ?

Le lieu m’importe peu mais plutôt les personnes avec qui le pratiquer.

Etant donné que je ne pratique plus, je peux dire : avec Niji-Kan.

As-tu un message ou un conseil à faire passer depuis le futur au jeune ou à la jeune ceinture blanche que tu as été ?

Ne vous mettez pas trop la pression.

Evidemment, il y aura toujours des gens meilleurs que vous.

Il y en aura aussi de moins bons.

Ne vous découragez pas : il n’y a pas d’échec mais des expériences.

Je n’ai jamais autant appris que lorsque j’ai échoué au passage de la ceinture marron.

Je prenais comme acquis que j’allais l’avoir du premier coup.

Ce ne fut pas le cas et j’ai beaucoup plus appris à ce moment-là que lorsque je réussissais les précédentes.

J’ai appris que le seule personne avec laquelle se comparer, ce n’est pas son voisin de dojo mais soi-même.

Il ne faut pas se comparer aux autres parce que nous sommes tous différents.

Et j’ai autant appris de gradés que de ceintures blanches.

Et lorsque cette pression disparait, la pratique devient un réel plaisir.

Niji-kan, à part le meilleur club de karaté au monde, c’est quoi pour toi ?

Niji-Kan aura toujours une place particulière dans mon coeur.

C’est un peu le souvenir heureux d’une belle aventure.

Et lorsque j’ai un coup de mou parfois, je revois le sourire de Christian qui me dit que je suis fabuleux.

Et puis, j’y ai rencontré beaucoup de belles personnes.

Certains nous ont quitté.es mais je pense à elles aussi avec beaucoup de tendresse.

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