#MeTooFootball lesbian day

Dimanche 1er octobre, Parc des Princes. Des militantes féministes LGBT, les Dégommeuses, équipe de foot qui lutte contre les discriminations dans le sport, déploient une banderole dénonçant de récentes affaires d’agressions sexuelles dans le milieu du football : message de soutien à la footballeuse espagnole Jenni Hermoso, embrassée de force par son ex-président de fédération, et à la joueuse du PSG Kadidiatou Diani, qui a déposé plainte en juin pour agression sexuelle contre l’ex-entraîneur du PSG Didier Ollé-Nicolle.

Se acabo” disent-elles :  “C’est terminé”. “On vous croit”.

Riposte immédiate de la sécurité du Parc des Princes. Violence inouïe. Backlash – autrement dit “retour de bâton” : prends toi ça dans ta gueule de femme – féministe, lesbienne en plus.

Petit détail : dans l’équipe des Dégommeuses, il y a Alice Coffin, conseillère de Paris écologiste, journaliste, cofondatrice de la Conférence européenne lesbienne et de l’Association des journalistes LGBT, autrice du livre “Le Génie Lesbien”… Bref, la lesbienne française  la plus connue aujourd’hui de l’univers.

Autre Dimanche – 24 septembre. Le même Parc des Princes. Lors du match PSG-OM, des chants homophobes très affirmés sont entonnés pendant près de 15 minutes par des supporters ultras du virage Auteuil. Des joueurs parisiens – dont les internationaux Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani – reprennent les chants injurieux avec leurs supporters lors de la célébration d’après-match.

Démonstration ici par A + B d’une convergence des luttes : on ne saurait dissocier l’intime du politique, à aucun moment, et le sport est pleinement un terrain politique.

Etre lesbienne en France, aujourd’hui, c’est encore la chape de plomb. Porter un message sur les violences sexuelles et sexistes, c’est prendre le risque de subir soi-même des violences… Être une sportive professionnelle, c’est encore faire ce qu’on vous dit : comment s’habiller, être sous payée, sous considérée… et agressée.

Mais chanter des propos homophobes, ça c’est viril. C’est même dans le petit manuel du parfait supporter sexiste et sûr de son bon droit. En totale illégalité.

Les dégommeuses le disent très bien : le foot est avant tout un jeu mais peut aussi être un vecteur de changement individuel, social et politique. L’institution est ici le cadre répressif d’une société défiante, liberticide. Ce sont des ordres donnés qui produisent la tension explosive.

Petite confidence intime et politique : mon père a été policier et arbitre de foot – trop pour un seul homme – pendant une très grande partie de sa vie… J’ai grandi avec une conscience particulièrement aiguë de ce que le sport – et l’uniforme – peut produire de pire et de meilleur chez l’être humain.

Et mon père a aussi une fille lesbienne “outée” depuis ses 18 ans dont il n’a pas compris grand-chose pendant longtemps… Et puis, si.

Porter sa banderole personnelle avec fierté, partage, et saine affirmation de soi, produit parfois des miracles.

Et ce mot de la fin… ou du début : en Espagne, depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle – catégorie pénale regroupant tout type de violence sexuelle. Pas un détail.

Se acabo.” Tous et toutes ensemble 🙂

Stéphanie Masson, adhérente de Niji-Kan depuis 2022

https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/09/26/pour-les-footballeuses-espagnoles-la-lutte-pour-de-meilleures-conditions-de-traitement-continue_6191086_3242.html