Le salut est bien plus qu’un folklore !

Vous l’aurez tous et toutes remarqué, les saluts dans la pratique du karaté sont essentiels cela pour montrer le respect et l’humilité.
Le salut traditionnel au karaté, appelé reï, se fait au début et à la fin de chaque cours en face de son ou sa professeur·e, en entrant dans le dojo, en pénétrant sur l’aire de pratique, bref très souvent…. Il existe deux manières de saluer :
Salut debout (ritsureï ) : Ce salut se fait en position debout, les talons serrés (musubi dachi). On s’incline légèrement en avant en gardant les mains le long du corps.
Salut assis (zareï ) : Ce salut se fait en position assise.

Salut de Combat

Avant et après un combat, les karatékas se saluent pour montrer le respect mutuel. Le salut se fait en position debout (ritsureï ), en s’inclinant légèrement en avant. Ce geste symbolise la reconnaissance de l’adversaire et l’engagement dans un combat loyal et respectueux. Tout en gardant le regard fixé sur son “adversaire”, il ne faut pas être naïf·ve non plus et être prêt·e à réagir au plus vite.

Salut de Kata

Le salut avant et après un kata est similaire au salut debout (ritsureï ).

Il marque le début et la fin de la performance, montrant le respect envers l’art du karaté et les maîtres qui ont transmis ces techniques.
Pratiquement le kata est une forme de combat “simulé” contre des adversaires imaginaire, et le salut montre l’engagement et la concentration du·de la pratiquant·e. Lors de ce salut le regard est dirigé vers le sol, indiquant l’humilité avec laquelle le pratiquant se présente et conscient du poids qui pèse sur ses épaules car le kata est une performance illustrant une pratique, une école, une philosophie.

Allons plus loin avec le Zareï

Il doit être réalisé dans un ordre bien précis :
1- position de départ : musubi dachi (talons serrés, pointes de pieds écartés)
Seiza ! « mettez vous à genoux »
Du point de vue physiologique, il semble qu’aucune autre position assise que le seiza ne permet de garder les hanches libres et de se déplacer ou de se lever avec la même simplicité. Après le salut à la fin de chaque cours et le temps passant nous savons tou·tes que cela n’est pas toujours vrai 😉
Le mot SEIZA signifie littéralement « être assis d’une manière correcte ».
Dans le kanji seiza 正座, le caractère représente deux hommes assis par terre sous un toit. Ceci donne l’idée d’une dimension sociale et de partage d’un lieu. SEI signifie droit, vertical, mais aussi correct, juste. Une autre manière d’écrire le premier caractère SEI, est plus directement lié à un état d’esprit. Il signifie le calme, l’absence de mouvement.
Origines de la Position Seiza
La position seiza trouve ses racines dans les modifications sociales du Japon féodal, particulièrement après la prise de pouvoir du clan Tokugawa en 1601. Durant l’époque Muromachi, l’architecture japonaise a évolué pour inclure des planchers complètement recouverts de tatamis. Cette évolution, combinée aux strictes formalités de la classe guerrière dirigeante, a conduit à l’adoption de la position seiza comme la manière respectueuse de s’asseoir.
La position seiza est utilisée dans de nombreuses occasions formelles au Japon, telles que les cérémonies de prières bouddhiques et la cérémonie du thé.
Elle symbolise le respect, l’humilité et la discipline.
En s’agenouillant et en posant les fesses sur les talons, la personne montre une attitude de soumission et de respect envers les autres participants et l’événement en cours.
Adopter la position seiza :
2- Reculer le pied gauche. Garder le dos bien droit et plier légèrement l’autre jambe pour maintenir la posture. Poser le genou gauche sur le tatami. Les orteils sont relevés.
3- Reculer la jambe droite et placer le genou droit au même niveau que le genou gauche puis s’asseoir sur ses talons, les pieds à plat au sol, les deux mains posées sur le haut des cuisses (l’écartement des genoux doit être de deux poings pour les hommes, un seul pour les femmes ou pas ; chacun·e fait comme il-elle-iel peut et surtout comme il-elle-iel veut).
Pourquoi respecter cet ordre très précis?
Comme pour l’ordre des genoux, l’ordre des mains correspond à la possibilité de dégainer un sabre.
A l’origine, les samouraïs portaient toujours le katana (sabre japonais) à la hanche gauche (qu’ils soient droitiers ou gauchers). Cette technique de salut leur permettait de se positionner pour saluer sans se mettre en danger, en étant toujours prêt à dégainer le sabre (main droite toujours disponible, et ordre des genoux pour ne pas se risquer de se couper en dégainant ou de perdre l’équilibre).
Vous conviendrez, que le fait de dégainer le sabre sans se relever n’était pas très indiqué pour garder son bras gauche. Ainsi l’engourdissement de la position seïza et la position du sabre à gauche concoure à une attitude de paix !!!
Mokuso « méditation »
4- amener la main gauche devant soi (paume vers le ciel, pousse vers l’avant)
5- recouvrir la main gauche avec la main droite dans la même position et joindre les pousses, fixer un point devant soi et respirer le plus lentement et discrètement possible.
L’inspiration se fait de façon lente et continu par le nez en ressortant son estomac. L’expiration se fait lente également, pas la bouche légèrement entrouverte, en creusant cette fois-ci son estomac. Lors du Mokuso, on ne doit penser à rien, faire le vide autour de soi pour se concentrer que sur sa respiration.
Mokuso yamé « arrêtez votre méditation »
6- ramener les deux mains sur les cuisses (idem position n°3)
Senseï ni rei « saluez le maître »
7- lorsque l’on s’abaisse pour saluer, poser en premier devant soi la main gauche, puis la droite au même niveau (de façon à dessiner une sorte de triangle, symbole d’unité et d’équilibre)
8- fléchir le buste en regardant au sol (en signe de confiance), pendant deux secondes environ.
9- relever le buste en ramenant sur la cuisse d’abord la main droite
10- puis la main gauche (se retrouver dans la même position que n°3)
Il est d’usage d’ajouter un autre salut pour tout le monde avec l’ordre Otagae ni rei
Kiritsu « relevez-vous »
Revenir en position initiale en faisant le chemin inverse avec les pieds
11- relever d’abord le genou droit
12- puis le genou gauche
pour se retrouver dans la position n°1 (musubi dachi)

En savoir plus

▪ rdv en cours 🙂
Seïza sur Wikipédia
▪ et pour le fun (et comprendre pourquoi au Japon, on aime vous engourdir les jambes !) c’est sur YouTube
Christian Lemesle, novembre 2024