Le nouveau rêve de Sophie

Dans mon rêve de karaté, je suis dans un très grand dojo, entourée de ceintures noires. Devant nous, assises derrière une table recouverte d’une vague nappe, trois personnes en costume portent sur le revers de leur veste l’écusson de la Fédération française de karaté. Sur le mur, une grande affiche où je déchiffre avec horreur : « Passage du 4^ème dan ».

Ce n’est pas possible ! C’est un malentendu. Je suis en plein milieu d’un passage du 4^ème dan ! Je vais allez expliquer aux juges que c’est une erreur. Sauf que, devant moi, il y a au moins cinq rangées de karatékas 3^ème dan, très concentré·es. Ce n’est peut-être pas une très bonne idée de les déranger… De toute façon, c’est déjà commencé. Les ordres en japonais fusent. Je fais comme à l’entraînement : j’imite ce que font les autres et j’y arrive vaguement (rappelons que c’est un rêve).

Après tout, pas besoin de prévenir les juges : ils et elles vont bien voir que je n’ai pas le niveau et tout rentrera dans l’ordre. Puis l’épreuve est finie et on appelle les noms les uns après les autres. J’attends tranquillement qu’on me renvoie chez moi, mais, quand je m’approche de la table, on me remet un certificat qui atteste, sans ambiguïté, que je viens d’obtenir le 4^ème dan. Je commence à bredouiller qu’il y a méprise. Mais les autres karatékas, maintenant 4^ème dan, me poussent loin de la table, impatient·es de recevoir leur diplôme. Je range discrètement ma ceinture bleue dans mon sac, et quitte le dojo.

Comme j’avance, penaude, vers le métro, je vois qui marchent vers moi, vont bientôt me croiser, me voir, me demander ce que je fais là, Christian, Dylan et Marie. Je vais devoir annoncer à mes trois senseis que je viens d’obtenir le 4^ème dan. C’est à ce moment-là que j’ai jugé plus prudent de me réveiller.

Sophie R., octobre 2024