J’étais ceinture blanche lorsque j’ai rencontré Claude pour la première fois Porte de Vanves. Il
portait une ceinture blanche lui aussi, mais contrairement à la mienne, qui disait mes premiers
pas dans une discipline que je m’apprêtais à embrasser pour la vie, la sienne disait simplement
la modestie du maître et la maîtrise d’un art martial qui n’a plus besoin d’afficher sa couleur.
Je garde, ainsi, de lui une certaine idée de la sagesse que nous cherchons toutes et tous à
atteindre dans notre pratique, une posture qui n’affichait rien d’autre qu’une immense
bienveillance, loin de toute forfanterie ou de toute démonstration de force.
Claude était un regard. Il nous a vus progresser semaine après semaine, nous glissant quelques mots, parfois,
après un entraînement auquel il avait assisté, nous encourageant par un sourire entendu
lorsqu’on se croisait aux stages de préparation à la ceinture noire.
J’aimais sa présence et il me semble, quand je pense à lui, qu’il a toujours été un témoin essentiel de notre
cheminement, un repère dans les périodes d’abattement, un mur porteur de notre dojo.
Si son départ m’attriste profondément, je sais aussi que dans l’application à faire un tsuki, dans le
salut qui débutera un kata, il y a – et il y aura – toujours un peu de lui.
Avec affection, Laure.