Pour accompagner ce mois des fiertés, voici une petite playlist d’une trentaine de titres militants ou influents pour les causes LGBTQIA+ des années 1980 🏳️🌈🏳️⚧️ Ce n’est bien sûr pas exhaustif et ce n’est qu’une petite sélection pour accompagner les festivités. C’est peut-être aussi une sorte d’autoportrait d’un gay né dans les années 1980 sans doute inconsciemment influencé par les disques de ses parents (❤️) et dont la musique a joué un rôle capital dans son parcours et son identité 🎵 Et toi, quels sont les morceaux qui t’ont aidé·e à te révéler ?
(Merci à Sophie pour sa relecture et ses suggestions !)
Bronski Beat
Groupe formé en 1983 par Jimmy Somerville, Steve Bronski et Larry Steinbachek, leur album The Age Of Consent sorti en 1984 est résolument militant et contient le célèbre titre Smalltown Boy, traitant de l’homophobie, du rejet familial et de la solitude des jeunes homosexuels de province (titre remixé par Arnaud Rebotini dans la bande originale du film 120 battements par minute), mais aussi Why, qui dénonce les violences homophobes et est dédiée à Drew Griffiths, artiste gay assassiné à Londres en 1984.
The Communards
Groupe de pop britannique formé en 1985 par Jimmy Somerville (encore lui !) et Richard Coles, rejoints par Sarah-Jane Morris, on leur doit les deux excellents albums Communards et Red. Le nom fait référence à la Commune de Paris (1871).
Le groupe reprend des titres, mais chante également des compositions originales, dont l’entraînant There’s more to love (than boy meets girl) dénonçant l’homophobie ou le poignant For a Friend, chanson abordant la perte d’un ami, victime du SIDA, et dédiée à Mark Ashton, très proche ami de Jimmy et Richard (qui leur avait fait visiter Paris et ainsi donné l’idée du nom du groupe), décédé le 11 février 1987. Le groupe était engagé dans la lutte contre le VIH.
Frankie Goes to Hollywood
Formé en 1980, ce groupe de new wave britannique sort en 1983 le célèbre titre Relax, aux paroles suggestives (« when you wanna come do it ! ») et au clip tourné dans un milieu gay sadomasochiste. Scandale au Royaume Uni, la BBC censure la chanson et le clip vidéo, assurant ainsi leur succès (rien de mieux que la censure pour promouvoir une œuvre 😉).
Pet Shop Boys
Duo de synthpop britannique formé en 1981 par Neil Tennant et Chris Lowe, c’est un des groupes pionniers de la musique électronique et un des plus prolifiques groupes britanniques de l’histoire musicale. On leur doit un certain nombre de morceaux militants, dont le célèbre It’s a Sin qui a donné son nom à une série. Le groupe n’a jamais cessé d’être actif et continue de sortir des albums.
En 2012, le groupe sort le titre Winner décrite par Neil Tennant dans une interview comme « une sorte de chanson We Are the Champions, mais en fait ce n’est pas le cas. […] ce qui est vraiment important, c’est la camaraderie de tout ce qui vous a permis d’arriver là. Profitez du moment, profitez du souvenir parce que ce n’est qu’un petit moment » (est-ce que ça ne vous fait pas penser aux Eurogames à venir ? 😉).
Soft Cell
Encore un groupe anglais ! Formé par Marc Almond et Dave Ball, leur premier album Non-Stop Erotic Cabaret contient leur célèbre Tainted Love, chanson interprétée par Gloria Jones en 1964, mais qui revêt une dimension homoérotique chantée par Marc Almond. L’album fit aussi l’objet de controverses avec le clip de Sex Dwarf, censuré car trop explicitement BDSM.
Marc Almond a aussi chanté en duo avec Jimmy Somerville avec une reprise d’I Feel Love (Johnny Remember Me) mêlant I Feel Love (1977) de Donna Summer et Johnny Remember Me (1961) de John Leyton en détournant ce classique hétéro pour lui donner une coloration queer.
Plus récemment, en 2022, Soft Cell revient avec Purple Zone en duo avec les Pet Shop Boys dans leur album *Happiness Not Included, après presque vingt ans d’absence.
Queen
Le groupe de Freddie Mercury, Brian May, Roger Taylor et John Deacon s’est formé en 1970, mais il n’en était pas moins toujours très actif dans les années 1980. 1980 constitue même un tournant pour le groupe : cette année sort Play the Game écrite par Freddie Mercury après une rupture amoureuse. C’est la première chanson du groupe utilisant un synthétiseur (bienvenue dans les années 1980 !) et première fois que Freddie Mercury arbore son nouveau look cheveux courts et moustache.
En 1982, le groupe chante avec ❤️David❤️Bowie❤️ Under Pressure, une des plus grandes et belles chansons des années 1980 🥰
À cette époque, Freddie Mercury tente également une carrière en solo avec, par exemple, Living on My Own en 1985 (avec un remix posthume en 1993), dont le clip reprend des images du 39e anniversaire de Freddie Mercury dont le thème était « A Black and White Drag Ball » et que la BBC a refusé de diffuser à l’époque.
Atteint par le VIH, Freddie Mercury est fait allusion dans des chansons dont une des plus célèbres est The Show Must Go On sortie en 1991, année de son décès.
Sylvester
Sylvester est une des figures fondatrices de la musique queer : ouvertement gay, drag queen à ses débuts, militant pour les droits des personnes LGBTQI+ et touché par le VIH (qui conduira à son décès en 1988), sa voix, sa grâce et son charisme font de lui une icône de la fierté. Il laisse une œuvre disco queer avec des titres comme You Make Me Feel (Mighty Real) (1978), repris par Jimmy Somerville en 1989, ou Do You Wanna Funk (1982).
Divine
Divine aka la reine des drag queen a pavé la voie à toute l’esthétique drag. Révélée dans les années 1970 par les films de John Waters, Divine s’illustre dans la chanson dans les années 1980 avec des morceaux comme Shoot Your Shot (1982), You Think You’re a Man (1984) ou Walk Like a Man (1985). Exubérante, provocante, larger than life, elle y bouscule les codes du genre.
❤️David❤️Bowie❤️
À côté de ses chansons majeures des années 1980 comme, par exemple, Modern Love (1983), China Girl (1983), Let’s Dance (1983) ou Loving the Alien (1984), on peut mentionner Boys Keep Swinging, un hymne queer sorti en 1979 mais très influent dans les années 1980. La chanson critique la masculinité normative et en interroge les clichés, tandis que, dans le clip, Bowie interprète des femmes drag, dans une performance subversive.
Dans Ashes to Ashes (1980), autre titre majeur, David Bowie reprend son personnage de Major Tom introduit dans Space Oddity (1969) avec une esthétique queer postmoderne. Astronaute ayant perdu le contrôle de son vaisseau et condamné à errer dans l’espace, Ashes to Ashes le présente brisé, toxicomane et rejeté. Dans une autre chanson interprétée avec les Pet Shop Boys, Hallo Spaceboy (1995), Bowie évoque la désorientation identitaire de Major Tom et ses interrogations sur son orientation sexuelle (« Do you like girls or boys ? It’s confusing these days… But moondust will cover you, cover you… »).
Klaus Nomi
Klaus Nomi est « un extraterrestre venu de l’espace pour sauver l’espèce humaine ». Entre opéra, new wave, synthpop et cabaret, sa voix qui va de baryton-basse à contreténor combiné à son look singulier en fait un artiste inclassable et hors normes aux performances inégalables. Repéré par David Bowie, Klaus Nomi fut un de ses choristes pour un live dans l’émission Saturday Night Live en 1979, ce qui lui donna l’idée de l’élaboration de son costume si caractéristique.
Il est également une des premières célébrités à succomber des suites d’une maladie en raison du VIH. Une de ses dernières interprétations du morceau de Purcell Cold Song, alors en fin de vie et déjà très éprouvé par la maladie, est une des performances les plus intenses des années 1980.
Madonna
Il serait difficile de justifier l’absence de Madonna dans ce panorama, mais, à propos de justifier, son titre Justify my Love est sans doute un de ses plus explicites et transgressifs pour l’époque.
Catherine Lara
Catherine Lara est une des premières artistes à s’être affirmée lesbienne en France, dès 1983, à une époque où c’était très rare et très courageux. En 1986, quand Michel Denisot lui demande ce qu’elle regarde en premier chez un homme, elle répond « Sa femme ».
Mecano
Formé au début des années 1980 par Ana Torroja et les frères Cano, le groupe Mecano sort en 1988 le titre Mujer contra mujer, chanson qui aborde avec tendresse et sans ambiguïté l’amour entre deux femmes, fait rare à l’époque. Le clip montre un couple lesbien dans sa simplicité quotidienne. Ana Torroja chante aussi une version française, Une femme avec une femme.
Barbara
Barbara, immense figure de la chanson française, est souvent lue comme une icône queer par la force de ses textes, son indépendance, sa voix hors norme, et les amours silencieuses qu’elle évoque. En 1988, elle signe Sid’amour à mort, l’une des premières chansons françaises à évoquer clairement le SIDA avec tendresse et dignité. Elle y chante la peur, la perte, l’amour sans condition, à une époque où la maladie est encore largement taboue.
Culture Club
Encore un groupe britannique ! Réunissant Boy George, Mikey Craig, Jon Moss et Roy Hay, le groupe se définit comme un ode à la diversité. Le batteur Jon Moss, disait ainsi « Regarde-nous : un Irlandais androgyne, un juif, un noir anglo-jamaicain et un anglo-saxon » ! Karma Chameleon chante ainsi l’importance de ne pas « faire comme tout le monde » et s’aliéner, mais d’être soi et de s’affirmer.
Mylène Farmer
Impossible de ne pas la mentionner ici. Ses chansons aux textes à la fois cryptiques et engagés, son goût pour l’androgynie et la transgression des normes et sa voix éthérée en ont fait l’icône qu’on ne présente plus. Difficile de faire un choix dans son immense discographie, mais, bien sûr, on retient Sans contrefaçon (1987) qui interroge l’identitié de genre ou le sulfureux Pourvu qu’elles soient douces (1988) évoquant la sodomie et transgressant les normes sexuelles. En poussant au début des années 1990, on pourrait inclure Désenchantée et Que mon cœur lâche, mais il faut savoir se limiter !
Duran Duran
Sans être un groupe que l’on peut étiqueter LGBT, Duran Duran est un groupe de new wave britannique queer-friendly. En 1982, leur chanson The Chauffeur ne sort pas en single, mais fait l’objet d’un clip inspiré de l’œuvre du photographe Helmut Newton montrant un rendez-vous lesbien de danse érotique.
Indochine
Formé en 1981, Indochine sort en 1985, le titre 3e sexe, chanson célébrant ouvertement la fluidité de genre, les identités non binaires et les amours hors normes, à une époque où la chanson française reste très hétéronormée.
Petit écart chronologique pour College Boy qui, en 2013, dénonce le harcèlement scolaire, notamment envers les jeunes homosexuels, avec un clip poignant signé Xavier Dolan.