Définition

Le dojo (道場, dōjō, [doːdʑoː]) est le lieu consacré à la pratique des budō ou à la méditation bouddhiste zen.
Littéralement en japonais, signifie la voie (c’est le même caractère que le tao chinois), le dojo est le lieu où l’on étudie/cherche la voie. C’est un lieu où l’on cultive non seulement la technique, mais aussi les vertus telles que le respect, la droiture et l’humilité.
Historiquement, la structure hiérarchique du dojo était marquée par la relation entre le maître (Sensei) et ses disciples (Deshi), où les rôles de chacun étaient clairement définis pour maintenir l’ordre et favoriser l’évolution personnelle.
Aujourd’hui, bien que certains aspects aient évolué, le dojo reste un lieu de transformation et d’éveil, symbolisant la force et l’esprit des Budō.

Disposition du dojo

L’agencement d’un dojo est bien plus qu’une simple question de tradition ; c’est une représentation physique des principes et de la philosophie qui sous-tendent les arts martiaux.
Il est possible de symboliser le Dojo comme une pièce avec 4 murs dont 2 principaux :
Le kamiza, shômen ou place d’honneur
Ce mur du dojo fait face au sud, symbolisant la position de respect et d’autorité.
C’est un espace sacré, souvent orné d’objets qui incarnent l’esprit de la discipline, tels que des calligraphies ou des portraits des maîtres fondateurs.
L’enseignant·e, positionné·e dos au kamiza, devient le canal par lequel la connaissance et la lumière du soleil – la sagesse – sont transmises aux élèves. (en toute humilité 😉)
Le shimoza
Ce mur fait face au kamiza (ou shômen) il est donc orienté face au nord
Les élèves, assis en face de l’enseignant au shimoza, reçoivent cette connaissance, mais toujours filtrée et interprétée par leur maître.
Le positionnement des disciples ou élèves dans le dojo reflète la progression dans l’apprentissage.
Les plus expérimentés près de l’est (mur jôseki), symbolisant l’aube et le commencement de la compréhension.
Les débutants à l’ouest (mur shimoseki), là où le soleil se couche, représentant le début de leur voyage dans les arts martiaux.
Je le concède ce n’est pas super intuitif car il est commun d’identifier l’Est et le Levant comme le début du chemin et non l’arrivée… je vous laisse méditer là-dessus cet été.
Cette disposition est également un rappel de l’histoire des arts martiaux, où les secrets des techniques étaient jalousement gardés. En plaçant les invités et les nouveaux venus à l’ouest, loin des yeux curieux des espions potentiels, les dojos protégeaient leur savoir. Aujourd’hui, bien que les techniques ne soient plus secrètes, cette tradition perdure, rappelant les origines stratégiques et respectueuses de ces pratiques anciennes.
Ainsi, chaque aspect du dojo, de son orientation à la disposition des participant·es, est imprégné de symbolisme et d’histoire, offrant aux élèves une expérience immersive qui va bien au-delà de l’apprentissage technique pour toucher à l’essence même de leur art.
L’organisation d’un dojo, que ce soit au Japon ou en France, reflète une fusion unique de tradition et de fonctionnalité.
Les considérations pratiques telles que la configuration du bâtiment influencent souvent l’orientation du dojo, mais les traditions, telles que l’étiquette (rei), jouent également un rôle crucial dans la détermination de la place de chaque pratiquant.
Cette place n’est pas seulement physique, mais symbolique, reflétant la hiérarchie et le respect mutuel entre les élèves et les enseignants.
Bien que l’application des règles de placement puisse varier selon les disciplines et les préférences des enseignants, l’objectif reste le même : créer un espace où l’harmonie et l’équilibre prévalent.
Pour certains, éviter un placement hiérarchique strict peut aider à minimiser l’ego et promouvoir l’égalité.
Pour d’autres, reconnaître et respecter sa place dans le dojo est essentiel pour maintenir l’ordre et la discipline.
Cette tradition de placement est intrinsèquement liée à l’apprentissage de la justesse, non seulement dans la pratique physique des arts martiaux, mais aussi dans la conduite personnelle et sociale des pratiquants. Chaque personne ayant une place qui lui est propre, cela permet de cultiver un sentiment de responsabilité individuelle tout en renforçant la cohésion du groupe.

Et chez Niji-kan ?

Chez Niji-kan, vous aurez remarqué que nous poussons la minimisation de l’ego à un point un peu plus fort.
En effet, le cercle que nous adoptons lors des saluts de début et fin de cours a pour but de symboliser que nous apprenons tou·tes les un·es des autres continuellement. Car comme le dit souvent Jean Claude Elleboode, un élève a besoin d’un professeur mais un professeur n’est rien sans ses élèves.
La remise en question est ainsi permanente ce qui ne doit pas être traduit par un manque de confiance en sa pratique mais plutôt comme diverses occasions d’enrichir son savoir, sa pratique, son chemin.
En fin de compte, que ce soit par le respect de la hiérarchie ou par la promotion de l’égalité, le dojo sert de terrain d’entraînement pour la vie, enseignant aux pratiquants comment coexister pacifiquement et avec dignité dans un monde diversifié.
C’est cette philosophie qui contribue à la création d’un environnement apaisé et sans conflit, où l’art peut être pratiqué avec sérieux et passion.

La notion de dojo en quelques mots

Dojo : Un terme qui se décompose en “Do” signifiant “la voie” et “Jo” signifiant “lieu”, faisant du Dojo le lieu de la quête spirituelle et physique.
Bodhimandala : La traduction sanscrite de Dojo, qui renforce l’idée d’un espace dédié à l’éveil et à l’édification personnelle.
Budo : Les arts martiaux japonais, dont la pratique est souvent associée au Dojo, mettant l’accent sur le développement moral et spirituel autant que physique.
Satori : L’éveil spirituel recherché dans la pratique rigoureuse des arts martiaux, symbolisé par l’espace du Dojo. Il marque l’acquisition d’une sorte de 6ème sens, d’intuition.
Respect et Discipline : Des valeurs fondamentales dans la tradition du Dojo, où les élèves (Kohai) et les enseignants (Sempai) maintiennent une hiérarchie et un ordre stricts.
Dojo-Kun : Les règles de conduite qui régissent le comportement dans le Dojo, soulignant l’importance de la politesse, de l’intégrité, et de l’humilité.
Évolution Personnelle : Le Dojo comme un lieu sacré où les individus travaillent à développer leur personnalité et à découvrir un art de vivre profond et significatif.
Enseignement et Apprentissage : Le rôle pivot du Sensei (maître) et des Deshi (disciples) dans la transmission des connaissances et des compétences au sein du Dojo.
Isolement et Simplicité : Caractéristiques physiques traditionnelles d’un Dojo, reflétant la concentration et la méditation requises pour la pratique.
Art de Vie : L’impact de la pratique au Dojo s’étend au-delà de ses murs, influençant la vie quotidienne des pratiquants en termes de vertus et de comportement social.
Christian Lemesle, Juin 2024